La filière bio en Occitanie fait face à des défis sans précédent. La baisse de la consommation met à rude épreuve l’ensemble des acteurs du secteur. Le président et la directrice d’Interbio Occitanie partagent leur analyse de la situation actuelle et les mesures prises pour relancer la dynamique.
La production bio en Occitanie reste importante mais la crise a fortement ralenti la consommation. Aujourd’hui, les ventes de bio montrent des signes de frémissement. « Le commerce a été le plus impacté, mais on sent que le consommateur revient petit à petit », observe Christian Soler, le président d’Interbio Occitanie.
À l’échelle nationale, 500 magasins bio ont fermé en deux ans, rationalisant le parc. De son côté, la grande distribution a retiré progressivement les produits bio de ses rayons, ralentissant la consommation dans ses magasins. Néanmoins, une amorce de reprise a été observée en magasins bio entre fin 2023 et début 2024.
Faire de la pédagogie
Malgré la crise, le socle des consommateurs bio reste stable. « Nous devons repartir à la conquête des consommateurs gagnés ces cinq dernières années et qui se sont détournés pour diverses raisons », explique Nancy Fauré, la directrice d’Interbio Occitanie. Elle constate que le label AB reste reconnu, mais qu’une part croissante des consommateurs le perçoit comme une démarche marketing, un signal fort qui appelle à une explication pédagogique sur les garanties du label.
Côté production, certains agriculteurs font le choix d’arrêter le bio, souvent à regret et pour des raisons économiques. En 2023, les déconversions se situent entre 2 à 4 % selon les filières, avec un solde globalement positif. Cependant, certaines filières souffrent davantage et nécessitent une vigilance accrue.
Des aides significatives, par le biais de trois plans successifs au niveau France, ont été attribuées pour soutenir les producteurs bio mais ils ne sont pas encore à la hauteur des pertes. Pour les entreprises de l’aval il n’existe pas de dispositif dédié. Ces dernières ont pu maintenir le cap, mais désormais en flux tendu, risquent d’être en danger si la consommation ne repart pas de manière plus significative.
Campagnes de communication et initiatives locales
Pour reconquérir les consommateurs, des aides pour des campagnes de communication ont été mises en place, notamment la campagne « Bio Réflexe » l’an passé et reconduite cette année. En Occitanie, le Conseil régional a apporté son soutien, en plus du Feader, permettant à Interbio de lancer deux vagues médiatiques. Des publi-reportages et événements comme la venue du bio bus au festival du Bien Manger et à Montpellier lors de ce printemps, ont permis de renforcer la visibilité de la filière. La seconde vague de communication est programmée à l’automne. 70 journées d’animation – dégustation en magasins bio ont permis aux consommateurs de découvrir des produits bio et locaux. Ce type d’animation va être proposé aux enseignes de la grande distribution régionale.
Interbio Occitanie continue d’aider les réseaux pour accompagner leurs adhérents. Le fonds national de l’Agence Bio – « Avenir Bio » a été renforcé en dotation budgétaire, visant à soutenir les investissements et la consolidation des entreprises.
En s’appuyant sur de nombreuses initiatives et un soutien renforcé, la filière bio en Occitanie est bien armée pour surmonter les défis actuels. Grâce à la détermination des acteurs et aux campagnes de sensibilisation, le bio peut espérer une reprise durable.