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Le Nutri-Score: Une fausse bonne idée

UNE INFORMATION NUTRITIONNELLE NON ADAPTÉE
POUR LES PRODUITS TRADITIONNELS ET LES
PRODUITS SOUS IG (AOP/IGP)

L’étiquetage des denrées alimentaires est régi par le règlement (UE) 1169/2011 concernant l’information des consommateurs sur les denrées alimentaires. Il exige que la grande majorité des denrées alimentaires préemballées portent une déclaration nutritionnelle (souvent au dos de l’emballage) afin de garantir des informations précises sur la composition nutritionnelle des aliments. Cette déclaration peut être complétée par une représentation sous forme de graphiques ou symboles de ces éléments sur la face avant de l’emballage. Chaque pays européen a le choix dans la forme et dans les modalités de cette représentation graphique. En France, le gouvernement français, dans le cadre de la loi de Santé de 2016, a choisi le « Nutri-Score » qui est d’utilisation facultative par les entreprises.

Dans le cadre de la stratégie « De la ferme à la table », la Commission européenne vise à mettre en place un système alimentaire juste, sain et respectueux de l’environnement. En particulier, elle prévoit une meilleure information sur l’étiquetage afin d’aider les consommateurs à faire des choix alimentaires plus sains et durables en proposant : Un étiquetage nutritionnel obligatoire et normalisé sur la face avant de l’emballage (FOPNL–Front of pack nutrition labelling)

Si nous ne pouvons que partager les objectifs du dispositif « Nutri-score » – consommer durable et préservation de la santé – et l’obligation d’information et de transparence pour permettre au consommateur de faire un choix éclairé vers des comportements plus durables et plus sains ; ce dispositif n’est pas adapté aux produits « traditionnels » peu transformés et aux produits couverts par une IG car :

–        Les modes d’élaboration des produits « traditionnels » et sous IG sont codifiés dans des cahiers des charges et des us et coutumes issus d’un patrimoine pédoclimatique, historique et culturel commun, s’en éloigner remet en cause le statut particulier de ces produits (recettes immuables). Ces cahiers des charges ne pourront pas être modifiés alors que les produits industriels, eux, pourront jouer sur leur recette​ et se voir attribuer une meilleure note.

–        Le « Nutri-score » ne prend pas en compte le niveau de transformation du produit ce qui pénalise les produits traditionnels et sous IG. Les produits sous IG sont des produits peu transformés, dont le nombre d’ingrédients est très souvent faibles et qui n’utilisent pas (ou peu) d’adjuvants techniques ou de correcteurs. Ils pourront être désavantagés par rapport à un produit industriel qui sera mieux noté mais qui aura subi une transformation importante et comportera une longue liste d’ingrédients, des additifs, colorants, conservateurs….

–        Ce système à code couleurs simplifie à l’excès les informations nutritionnelles d’un produit. Il ne prend pas en compte la présence de micronutriments (vitamines, minéraux, oligo-éléments), l’impact des additifs et des conservateurs et les risques sur la santé liés à la transformation alimentaire.

–        Le nutri-score donne une information limitée en matière d’équilibre nutritionnel. Il ne prend pas en compte l’intensité de consommation d’un produit, la « portion » alimentaire ingérée et sa contribution à l’équilibre alimentaire journalier. Le « nutri-score » est calculé sur la base de 100 g de produit et non sur une « portion » suggérée.  

Nous partageons le fait qu’une consommation excessive de produits ultra-transformés nuit à la santé et, dans ce cadre, un dispositif tel que le « Nutri-score », a tout son intérêt. Cependant, compte tenu des considérations citées précédemment, nous estimons que le « Nutri-score » ne peut, à lui seul, permettre un changement dans les habitudes alimentaires à long terme.  Nous recommandons d’orienter les efforts vers plus d’éducation nutritionnelle et une meilleure communication sur l’importance d’une alimentation diversifiée et équilibrée et sur la manière dont les indications géographiques et les produits traditionnels peuvent y contribuer. Nous demandons donc que les IG soient exemptés de ce dispositif «Nutri-score ».

Pour toute information complémentaire :

valerie.domine@irqualim.fr

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