L’assemblée générale de 2019 du syndicat a marqué le début d’une réflexion profonde sur l’avenir de l’appellation. Benoît Bonizzoni, son président, partage avec nous les développements significatifs et le travail accompli depuis lors.
Lors de cette assemblée générale, dont le thème était “Nos atouts, nos faiblesses, qui sommes nous aujourd’hui et vers quoi aller demain”, plusieurs constats ont été mis en avant. Tout d’abord, il est apparu que la mention ne pouvait plus se suffire à elle-même pour défendre ses valeurs et vendre un produit dans un contexte de multiplication des labels et d’évolutions sociétales et environnementales. L’appellation était confrontée à des défis complexes qui nécessitaient une réponse adaptée.
Une diversité de perspectives
Suite à cette prise de conscience, l’appellation a fait appel à l’IRQUALIM pour réaliser un diagnostic de la filière. Cette démarche a été ouverte aux membres du conseil d’administration ainsi qu’à l’ensemble des opérateurs, ce qui a permis de constituer un groupe de travail homogène et surtout apporté une diversité de perspectives à l’équipe. Le résultat de ce diagnostic a été la création d’un plan d’action ambitieux.
Benoît Bonizzoni, qui venait d’être fraîchement élu président de l’ODG, accompagné de Marie-Line Gaudru, responsable administrative, et l’ancien président Dominique CHAMBON, a entrepris de convaincre les opérateurs de l’importance de ce projet et voulait s’assurer de leur adhésion à des changements significatifs, dont le principal était la création d’un poste de chargé de mission, une fonction essentielle pour mettre en œuvre les plans ambitieux de l’appellation. L’objectif était de parvenir à un auto-financement, de manière à garantir la viabilité à long terme de ce poste et pouvoir mener à bien les différents projets. “Nous devions les convaincre d’adhérer au projet et également d’accepter une hausse non négligeable de leurs cotisations de l’ordre de 15% ainsi que la mise en place d’une nouvelle cotisation pour les laitiers, explique Benoît Bonizzoni. Les laitiers payaient jusqu’ici une somme forfaitaire identique pour tous alors que la nouvelle devait être calculée au prorata du volume de lait produit. Après des réunions au nord et au sud de notre zone de production, cela a été acté par l’Assemblée générale et nous avons engagé Camille.”
Choisir Camille s’est imposé à l’équipe. Elle venait de réaliser un stage de 6 mois au sein de la filière et avait eu l’occasion de se familiariser avec les exploitations, de maîtriser l’histoire de l’appellation et de comprendre les enjeux spécifiques de la filière. Cette connaissance approfondie et son engagement envers l’appellation en ont fait un choix naturel et légitime pour renforcer l’équipe.
Répondre à de nombreux défis
Les projets de développement durable sont au cœur du travail engagé par le syndicat, abordant les aspects sociétaux, économiques et environnementaux. Par exemple, l’équipe se penche sur la valorisation des coproduits du lait, comme la viande de chevreau, dans le but de renforcer les revenus des opérateurs . “Un état des lieux a été fait par un groupe d’étudiants de Purpan, précise Benoît Bonizzoni. Ils ont effectué un relevé sur le territoire : qui transformait, comment, sous quelle forme… Cela a permis de mesurer le potentiel qu’il y avait et de constater qu’on avait une problématique avec les abattoirs installés sur notre territoire car pas ou peu équipés pour abattre des chevreaux.” Des études auprès des consommateurs et des prescripteurs sont prévues d’ici la fin 2023 pour évaluer leur intérêt pour cette viande.
En outre, dans le contexte des défis climatiques, l’appellation travaille également à garantir que 80% de l’alimentation des cheptels proviennent de l’aire géographique de production (qui couvre l’ensemble des Causses du Quercy), un élément clé de son cahier des charges. Cela tout en cherchant des solutions pour soutenir les producteurs dans cette démarche.
La promotion des métiers de la filière est également un des axes de travail du syndicat qui déploie de gros efforts pour sensibiliser les jeunes générations aux métiers de la filière. Des actions de vulgarisation sont entreprises dès les écoles primaires, visant à faire des enfants des ambassadeurs du produit. Et va jusque dans les lycées agricoles pour recruter de futurs producteurs et salariés.
Accueillir et transmettre son histoire, ses valeurs
Mais une action tenait particulièrement à cœur de l’équipe : l’accueil des nouveaux arrivants. La transmission de l’histoire de l’appellation aux nouvelles générations d’opérateurs est l’élément essentiel pour assurer la pérennité de la tradition. Des journées dédiées sont donc désormais organisées pour présenter l’appellation, permettant aux nouveaux arrivants de se familiariser avec son histoire et ses valeurs. 77 exploitations étaient recensées au 1er janvier, avec 4 artisans. Et depuis le début de l’année, 3 nouvelles exploitations ont rejoint la communauté, témoignant d’un intérêt continu pour la production de ce fromage emblématique. La moyenne d’âge des producteurs est d’un peu plus de 46 ans, indiquant que l’appellation n’est pas encore confrontée à la problématique du renouvellement des générations.
Parmi les autres actions actuellement étudiées, citons enfin la rédaction collective d’un guide à destination des producteurs visant à garantir la production d’un lait cru de qualité. Les entreprises collectant le lait participent activement à cette initiative aux côtés de l’ODG, démontrant un engagement réciproque envers la qualité du produit final. ”Cela démontre notre volonté collective d’aller vers le même objectif et d’envoyer un message commun aux producteurs sur le terrain, c’est important de travailler tous ensemble en suivant la même direction”, se félicite Benoît Bonizzoni.
Face à la crise économique
L’appellation continue avec passion et engagement ce long travail d’adaptation et d’évolution afin de se préparer à relever les défis qui se présentent à elle, tout en maintenant ses traditions et son engagement envers la qualité et l’authenticité de son produit.