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Patrimoine culturel immatériel, un outil d’avenir dans la valorisation des produits de terroir

Depuis quelques années, le Patrimoine Culturel Immatériel (PCI) s’invite sur les tables de France, notamment avec l’inscription du « Repas gastronomique à la française » en 2010.  Mais le PCI c’est quoi ?

            Le PCI est l’ensemble des pratiques, savoirs et savoir-faire liés à une communauté. En d’autres termes c’est tout ce qui fait sens pour un groupe, ce qui le rattache à son identité. Par exemple, les chants corses pour la communauté insulaire. Mais le PCI est une notion qui se décline encore mieux en local, sur des échelles territoriales réduites comme celles des appellations. En cela, le PCI se rapproche énormément du système de protection de nos terroirs, l’AOP, l’IGP et les autres labels de qualité et d’origine qui protègent notre patrimoine gastronomique. Si une AOP protège des savoir-faire, des pratiques, des coutumes liées à un terroir, elle protège donc du PCI.  La notion de PCI se retrouve dans toutes les productions de terroir, que ce soit l’ail rose de Lautrec, le Jambon de Lacaune ou le miel des Cévènnes.

            Depuis quelques années, le PCI gagne en notoriété notamment grâce à l’UNESCO et à sa liste du Patrimoine Culturel Immatériel, ainsi qu’à l’inventaire national. Beaucoup de pratiques liées aux productions de terroir sont déjà inscrites sur cette liste[1] : les savoir-faire liés à l’élaboration du vin de Châteauneuf du Pape ; les festivités de la Sainte Bourrou dans le vignoble de Marcillac ; la fabrication du fromage de Salers et de St Nectaire ; et bien d’autres encore.

Cette liste de l’inventaire national permet de faire un travail de fond sur une pratique : recherche documentée sur l’histoire de la pratique, sur ses gestes techniques, sur son rôle dans la communauté, sur les moyens de transmission… Mais aussi et surtout elle permet d’encadrer une pratique et lui donner les moyens de la sauvegarder et de la perpétuer, grâce à des subventions.

            Mais le PCI peut être valorisé en dehors du système de l’UNESCO, directement par les appellations. Je travaille actuellement sur les mémoires du vignoble de Fronton. Ma mission est de récolter les mémoires des anciens, de les croiser avec des archives et d’écrire une synthèse sur l’histoire récente du vignoble. L’initiative d’un tel projet prend sa source dans un triste constat, la disparition progressive mais inexorable des « Anciens », ceux-là mêmes qui sont les mémoires du vignoble et qui, année après année, sont de moins en moins nombreux pour se rappeler le bon vieux temps. On dit qu’ »un ancien qui meure c’est une bibliothèque qui brûle ». Ce savoir-là est un véritable patrimoine culturel à protéger, à sauvegarder et surtout à transmettre. L’intérêt d’une telle démarche est double: sauvegarde et valorisation de son patrimoine culturel. Grâce à ce travail, le syndicat des vins de Fronton  connait mieux son histoire, ses pratiques et peut se servir de mes recherches pour de futurs projets de communication.

            Enfin et surtout, les appellations en devenir qui cherchent à être labellisées devraient s’approprier cet outil pour accélérer le processus de reconnaissance d’appellation. Le travail de fond que j’ai fait à Fronton est une démarche que les futures appellations doivent faire pour justifier de leur « authenticité ». Elles doivent prouver leur ancienneté, définir leurs pratiques et leurs savoir-faire, analyser les « usages loyaux, locaux et constants ».  

            Pour toutes ces raisons, il est important que les appellations prennent conscience de l’utilité de valoriser son Patrimoine Culturel Immatériel, tant pour des raisons éthiques que pour développer son identité, mieux connaitre son histoire et ses pratiques, et pourquoi pas se faire connaitre par une inscription à l’Inventaire National du PCI.

Pour toute information : etienne.lacombe@outlook.fr

Etienne Lacombe est titulaire d’un Master 2 d’Anthropologie – Expertise Ethnologique en Patrimoine Immatériel (EEPI) . Sensibilisé et formé à la protection et à la mise en valeur du patrimoine culturel, il a travaillé notamment travaillé sur l’histoire des vins de Fronton et les mémoires d’anciens vignerons.

[1] Voir https://www.pci-lab.fr/

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