Paroles de viticulteurs : Roland de Gaudart d’Allaines – Abbaye de Valmagne (Hérault)

L’abbaye de Valmagne a été fondée par des moines, qui l’ont fait vivre pendant près de 700 ans. Depuis neuf générations, la famille Gaudart d’Allaines, de la lignée des Turenne, prend soin de ces pierres et de ces terres d’exception. “J’ai une chance immense de pouvoir travailler dans un si beau vignoble et dans un cadre de vie si majestueux”, confie Roland de Gaudart d’Allaines, qui s’occupe depuis six ans de ces vignes à l’origine de vins uniques et intemporels.

“La vigne, ça a toujours été mon truc ! explique Roland. Tout petit déjà, je voulais devenir vigneron. J’ai été attiré un temps par le métier de vétérinaire mais la vigne est vite revenue dans mes centres d’intérêt”. Et visiblement, elle le lui rend bien. “Tout me plaît dans ce métier” confie-t-il sans ambages. Il s’inscrit dans les pas de son père, Philippe, arrivé sur le domaine en 1995. C’est lui qui a lancé, dès 1998, la culture du vin bio, lui qui a installé définitivement les vins de l’abbaye sur le marché parisien et chez plusieurs cavistes de province et à l’étranger, lui aussi qui a développé les ventes au caveau et perfectionné la qualité des vins et du vignoble, obtenant plusieurs médailles d’or dans les grands concours vinicole français et internationaux. En 2002, avec Olivier Durand et Jean Benoît Cavalier, il fonda la désignation « Grés de Montpellier ». Grâce à la diversité des terroirs présents aux alentours de l’Abbaye, la famille produit du vin de pays, du Languedoc et du Languedoc Grés de Montpellier.

Roland travaille à l’Abbaye avec son père, à présent en charge des nombreux travaux, ainsi qu’avec sa sœur, Eleonor, avec qui “il est tout à fait sur la même longueur d’ondes”. Elle a repris le travail de sa grand-mère, et gère le Monument Historique: les locations, les visites, les différents événements et animations culturelles. Quant à son frère Thomas, il peaufine ses connaissances horticoles avant de rejoindre son frère et sa sœur sur le domaine.

“A fond dans l’agroécologie et l’agroforesterie”

Aujourd’hui le vignoble représente 30 hectares conduits en agriculture biologique, avec des inspirations bio-dynamiques depuis 1999. “Je me consacre à fond à l’agroécologie et à l’agroforesterie. Cela correspond à 300% à mes convictions. Je laboure moins les sols, je laisse l’herbe pousser, je mets moins de cuivre et de soufre, je plante des arbres au milieu des parcelles et des haies, etc”.

A ses yeux, les vignerons devraient adhérer en masse à cette approche vu les projections climatiques. “La hausse des températures et la sécheresse sont désormais telles qu’il faut changer nos pratiques culturales si nous voulons continuer à pouvoir faire du vin. Nous n’avons pas le choix. Nous devons anticiper et nous adapter rapidement” assure Roland de Gaudart d’Allaines. Et tant pis pour les mauvaises langues qui, parfois, se fendent d’un sourire amusé ou pensent qu’il fait fausse route.

“Nous sommes précurseurs, de vrais pionniers. Nous nous efforçons de respecter le vivant et la terre qui nous nourrit, nous voulons recréer un équilibre naturel dans les sols afin d’en faire bénéficier la vigne”. Ce sol que les moines de l’Abbaye de Valmagne ont foulé dès 1139. Il nourrit d’ailleurs un projet un peu fou : appliquer leurs méthodes en géologie et produire ainsi un fruit le plus pur possible. “Je me plonge en ce moment dans les bouquins pour affiner mes recherches. Ensuite je délimiterai une parcelle et je tâcherai de tout faire comme eux à l’époque. Dans cinq à dix ans, nous aurons peut-être une cuvée expérimentale d’exception !”.

Contact : ABBAYE DE VALMAGNE 34 560 VILLEVEYRAC

04 67 78 06 09 / INFO@VALMAGNE.COM / www.valmagne.com