Paroles de viticulteurs : Anthony Aubert – Aubert et Mathieu (Aude)

Anthony Aubert n’est pas né dans les vignes. Il n’est “ni fils de viticulteurs, ni millionnaire !” précise-t-il avec humour et pourtant, il a créé il y a cinq ans une société de négoce à succès baptisée Aubert et Mathieu, avec son complice rencontré au lycée Jean-Charles Mathieu. Deux amis qui lancent une entreprise hyper innovante dans le milieu du vin, ce n’est pas commun !  

Anthony Aubert, 34 ans, est un explorateur passionné de vin. Il a découvert sa vocation après une rencontre marquante avec un œnologue. Armé de son master en commerce des vins, il a voyagé entre l’Asie et New York pendant six ans, travaillant pour des importateurs de vins, une expérience enrichissante qui a façonné sa vision du vin. Cette période à l’étranger a été fondamentale dans sa compréhension du marché du vin et de la diversité des goûts et des préférences.

Oui mais voilà : “lassé de mon parcours professionnel conventionnel, j’ai eu envie de devenir entrepreneur et de retourner dans ma région natale, le Languedoc. J’ai tout quitté pour poursuivre un rêve un peu dingue : créer des vins anticonformistes et décalés, à notre sauce si je puis dire” explique-t-il. Avec son acolyte, qui travaille jusque-là dans un grand groupe à Paris mais est lui aussi mû par un désir de créativité et une passion pour le vin, ils s’efforcent de relever un défi : faire du vin différemment. C’est-à-dire ?

“Faire des vins modernes et engagés”

“On est partis d’une feuille blanche, avec l’ambition de faire des vins rouges, blancs, et rosés issus des appellations les plus prestigieuses du Languedoc Roussillon. Des vins au positionnement premium, résolument modernes et engagés” explique Anthony, basé à Carcassonne. Modernes dans le branding, le marketing et la communication, sur les réseaux sociaux, afin de toucher notamment les jeunes et tous les amateurs de vin en quête de nouveauté et d’authenticité ; engagés car 80% de leur production est certifiée bio, B Corp et toutes les matières sèches (bouchons, étiquettes, bouteilles) sont achetées à moins de 100 kms de l’entreprise. Leurs efforts incluent également la neutralité carbone, le soutien actif à la biodiversité, l’utilisation de packaging éco-conçu et la compensation de leurs émissions de carbone. “Nous ne sommes pas des ayatollahs de l’écologie, mais nous sommes convaincus que des petites actions, à notre échelle, peuvent contribuer à changer la donne. Notre approche se veut durable et éco-responsable, pour le bien de tous et dans le respect de la planète”.

Anthony et Jean-Charles se veulent des “ambassadeurs du Languedoc”. “Ici, on a la chance de pouvoir faire de nombreux styles de vins différents, grâce à la diversité des sols, des terroirs, des climats. Ça ouvre un champ des possibles infini” poursuit le chef d’entreprise, jamais à court d’idées pour briser les codes et faire souffler un vent de renouveau sur le milieu du vin. Ainsi ils ont lancé la vente de NFT, une initiative pionnière dans le secteur du vin, et une cuvée ‘The End’, développée avec l’aide de ChatGPT, l’un des modèles de langage artificiel les plus avancés. Ce n’est pas tout : ils ont aussi expérimenté un vin-bière en partenariat avec une brasserie parisienne, un vin sans alcool pétillant et des vins natures. Tout récemment, ils ont lancé « Boogie Woogie », un nouveau vin rouge à boire frais qui répond aux nouvelles tendances de consommation : léger, frais, décomplexé.

Quitte, parfois, à se tromper comme tout entrepreneur audacieux. “La première année, en 2019, on a créé une boutique de vins éphémère à Carcassonne. Ce fut une erreur monumentale, mais on assume ! Il y a parfois huit échecs pour deux réussites”. 

Lui et Jean-Charles sont fiers “d’écrire une nouvelle page de l’histoire des vins du Languedoc”. “On aime innover et repousser les limites, tout en restant fidèles à l’art du vin, assure Anthony. Alors oui, parfois, on chatouille un peu ce milieu qui considère que le vin est un produit singulier, traditionnel, qu’il faudrait continuer à vendre comme il y a vingt ans. Nous voyons les choses différemment. Et je suis sûr qu’au final, cela fait du bien à la filière !  

Contact : Aubert et Mathieu

www.aubertetmathieu.com / contact@aubertetmathieu.com